Analyse Comparative de l'Influence Religieuse dans les Systèmes Politiques Iranien et Israélien : À la Recherche d'une Équivalence Terminologique
Introduction
La question posée – existe-t-il une expression équivalente pour Israël à celle de "République des mollahs" utilisée pour l'Iran? – soulève une problématique complexe au cœur des études comparatives du Moyen-Orient. Elle invite à une analyse approfondie du rôle et de la perception de l'autorité religieuse dans deux systèmes politiques distincts mais où la religion occupe une place centrale, bien que structurée différemment. L'expression "République des mollahs" véhicule une charge critique évidente, pointant vers une domination cléricale du système politique iranien. Déterminer si une expression similaire, avec une connotation critique comparable, s'applique de manière pertinente à Israël nécessite une démarche rigoureuse, dépassionnée et fondée sur l'analyse des structures institutionnelles, des dynamiques politiques et des critiques formulées à l'encontre de chaque système.
Ce rapport a pour objectif de mener une telle analyse comparative. Il examinera d'abord la signification, l'origine et le fondement structurel de l'expression "République des mollahs" en relation avec le système théocratique iranien. Ensuite, il se penchera sur le système politique israélien, en analysant la relation complexe entre l'État et la religion, l'influence des institutions et partis religieux, et la nature du paradigme "État juif et démocratique". Une attention particulière sera portée aux critiques concernant l'influence religieuse en Israël et au lexique spécifique employé par les commentateurs pour décrire cette situation. Enfin, une perspective comparative directe permettra de synthétiser les similitudes et les différences fondamentales quant au rôle de la religion dans la gouvernance et la législation des deux pays, afin d'évaluer la pertinence d'une éventuelle équivalence terminologique critique.
La méthodologie adoptée repose exclusivement sur l'analyse des informations contenues dans les documents de recherche fournis.1 L'approche est comparative, se concentrant sur les dimensions politiques, juridiques et socio-politiques de l'influence religieuse en Iran et en Israël. Le rapport suivra une structure logique : définition et contexte de la "République des mollahs" ; analyse du nexus État-religion en Israël ; examen des critiques de l'influence religieuse en Israël ; dissection de la terminologie critique appliquée à Israël ; comparaison directe ; et conclusion synthétique.
Section 1 : "République des mollahs" : Anatomie d'un Terme Critique pour l'Iran
1.1 Origine, Usage et Connotation
L'expression "République des mollahs" est largement reconnue comme un terme critique, souvent péjoratif, employé pour désigner le régime politique iranien instauré après la Révolution islamique de 1979.5 Elle signifie littéralement un État dominé par le clergé chiite, les "mollahs". Son usage apparaît très tôt après la révolution ; l'ancien Premier ministre Chapour Bakhtiar, nommé par le Shah juste avant son départ, l'utilise publiquement dès 1979 lors d'une conférence de presse à Paris pour critiquer vivement le nouveau régime.6 Ce contexte initial souligne son adoption immédiate par les opposants politiques à la théocratie naissante.
L'utilisation de ce terme est intrinsèquement liée à une série de critiques spécifiques visant le régime iranien. Il est associé à l'instrumentalisation de la religion à des fins de contrôle politique, à la diabolisation de l'esprit critique et à l'étouffement de la spiritualité.7 Des observateurs, comme Hassen Chalghoumi lors de sa visite en Iran, ont été choqués par la relégation des femmes à une simple fonction reproductrice 7 et par l'interdiction pour elles de chanter en public sans être couvertes par des voix masculines, illustrant l'imposition de codes sociaux stricts.8 Le terme est également mobilisé dans des discussions dénonçant les violations des droits de l'homme et l'arbitraire du pouvoir des ayatollahs.5 Certains commentateurs sur des plateformes comme Wikipédia ont même qualifié des articles jugés trop favorables au régime de "propagande pour la République des mollahs", les accusant de masquer les violations des droits humains et de présenter une version "révisionniste pro-islamiste".5 Enfin, l'expression apparaît dans des contextes critiquant la politique étrangère du régime et l'allocation de ressources à des acteurs externes (comme le Hezbollah ou des groupes à Gaza) au détriment de l'économie nationale et du bien-être du peuple iranien.9 La simple existence de questions sur sa signification politique et religieuse 10 atteste de son statut de descripteur politique spécifique et reconnu, chargé d'une forte connotation négative.
1.2 Fondement dans la Structure Théocratique Iranienne
La pertinence critique de l'expression "République des mollahs" ne repose pas uniquement sur une opposition politique ou idéologique, mais trouve un ancrage profond dans la structure constitutionnelle et institutionnelle de la République islamique d'Iran. La Constitution de 1979 stipule explicitement que toutes les institutions et activités de l'État sont fondées sur les préceptes islamiques, la loi coranique et la théorie du Velayat-e Faqih.11
Le Velayat-e Faqih, littéralement la "tutelle du jurisconsulte religieux", est un concept central développé par l'Ayatollah Ruhollah Khomeini. Il confère la primauté et l'autorité politique suprême à un juriste religieux chiite reconnu pour sa compétence et sa piété.11 Ce principe institutionnalise la domination du clergé sur l'appareil d'État, transformant l'Iran en une république théocratique.15
Plusieurs institutions clés incarnent ce pouvoir clérical :
- Le Guide Suprême (Rahbar) : Chef de l'État et figure la plus puissante du régime, désigné (potentiellement à vie) par l'Assemblée des Experts. Il détient une autorité quasi absolue sur toutes les branches du gouvernement, y compris l'armée, la justice et les médias, et oriente les grandes lignes de la politique intérieure et étrangère.11 Actuellement, cette fonction est occupée par Ali Khamenei.15
- Le Conseil des Gardiens de la Constitution : Composé de six clercs nommés par le Guide Suprême et de six juristes musulmans proposés par le pouvoir judiciaire (lui-même sous influence cléricale) et approuvés par le Parlement, ce conseil a un double rôle crucial : vérifier la conformité des lois votées par le Parlement avec la Constitution et les préceptes de l'Islam, et valider ou rejeter les candidatures aux élections majeures (présidentielle, parlementaire, Assemblée des Experts).11
- L'Assemblée des Experts : Composée d'environ 80 clercs élus au suffrage universel direct (après validation de leur candidature par le Conseil des Gardiens), elle a pour fonction principale d'élire, de superviser et théoriquement de révoquer le Guide Suprême.11
- Le Conseil de Discernement de l'Intérêt Supérieur du Régime : Créé pour arbitrer les conflits entre le Parlement et le Conseil des Gardiens, ce conseil composé de personnalités politiques et religieuses nommées par le Guide Suprême peut également s'octroyer des pouvoirs législatifs en cas de besoin, renforçant l'emprise des instances non élues.11
Le système iranien présente ainsi une "dualité de légitimités" : une légitimité démocratique issue du suffrage universel pour le Président et le Parlement (Madjles), et une légitimité religieuse incarnée par le Guide Suprême et les institutions cléricales.11 Cependant, cette dualité est clairement hiérarchisée : la légitimité religieuse prime sur la légitimité démocratique.11 Le Président de la République, bien qu'élu, est subordonné au Guide Suprême, ne contrôle pas les forces armées ni les principaux leviers de la politique étrangère, et sa candidature doit répondre à des critères religieux et de loyauté au régime.11 Le Parlement (Madjles) voit son pouvoir législatif soumis au contrôle du Conseil des Gardiens.11
Cette structure constitutionnelle justifie structurellement l'appellation "République des mollahs". Le terme n'est pas une simple invective mais une description critique de la réalité institutionnelle où le pouvoir ultime est constitutionnellement dévolu à une élite cléricale, conformément au principe du Velayat-e Faqih.11 Cette critique vise donc le fondement de jure de l'État, ce qui la distingue fondamentalement des critiques portant sur l'influence de facto de groupes religieux au sein de systèmes non théocratiques. Toutefois, il est important de noter que même si l'État projette une identité islamique chiite unifiée 11, des signes de contestation et un désir de changement existent au sein de la société iranienne, notamment chez les femmes, les jeunes et les intellectuels.17 Des enquêtes indépendantes suggèrent un décalage entre l'identification religieuse officielle et les pratiques réelles.19 Le système est également traversé par des divisions internes et des luttes de factions 17, conduisant certains analystes à parler d'"autoritarisme factionnalisé" 20 ou même, de manière plus polémique, de "voyoucratie".20 Ainsi, si "République des mollahs" décrit bien la structure dirigeante, cette appellation peut masquer la complexité et les résistances d'une société qui n'est pas monolithique.17
Section 2 : L'Enchevêtrement de la Religion et de l'État en Israël
2.1 Le Paradigme "État juif et démocratique" : Base Légale et Contradictions
Israël se définit officiellement comme un "État juif et démocratique".2 Cette double identité, inscrite dans ses Lois Fondamentales qui tiennent lieu de constitution non codifiée 3, constitue le socle de son système politique mais est également source de tensions et de débats constants. La Déclaration d'Indépendance de 1948, document fondateur souvent référencé, proclame l'établissement d'un État juif tout en garantissant la liberté de religion, de conscience, de langue, d'éducation et de culture pour tous ses habitants.3 Plus récemment, la Loi Fondamentale de 2018 : Israël comme État-nation du peuple juif, a formellement ancré le caractère juif de l'État, le définissant comme le foyer national du peuple juif où celui-ci exerce son droit à l'autodétermination.25
Le caractère "juif" de l'État se manifeste de multiples manières :
- La Loi du Retour (1950) accorde à tout Juif (selon une définition incluant les descendants jusqu'aux grands-parents, sous condition de ne pas pratiquer une autre religion 27) le droit d'immigrer en Israël et d'acquérir automatiquement la nationalité.3 Cette définition large, non alignée sur la Halakha (loi religieuse juive) orthodoxe, est elle-même une source de friction avec le Grand Rabbinat qui souhaiterait la restreindre.27
- Les symboles nationaux sont empruntés à la tradition juive : le drapeau avec l'Étoile de David, l'emblème de la Menorah (chandelier à sept branches), l'hymne national (Hatikva), l'hébreu comme langue officielle principale (l'arabe ayant un "statut spécial" 25) et le Shabbat comme jour de repos officiel.23
- Le statut juridique de la religion : Israël n'a pas de séparation formelle entre la religion et l'État.28 L'État reconnaît et finance les institutions religieuses des communautés reconnues (juive, musulmane, druze, chrétienne).28 Pour la population juive, la loi religieuse (Halakha) régit les questions de statut personnel (mariage, divorce, conversion) par l'intermédiaire du Grand Rabbinat et des tribunaux rabbiniques.3
Parallèlement, le caractère "démocratique" d'Israël s'exprime à travers :
- Un système parlementaire (la Knesset) avec des élections multipartites régulières au scrutin proportionnel.22
- Un pouvoir judiciaire indépendant, avec une Cour Suprême jouant un rôle important dans la protection des droits fondamentaux.25
- Des libertés civiles et politiques garanties, bien que leur application puisse être contestée, notamment vis-à-vis de la minorité arabe.22
- La citoyenneté accordée aux résidents non-juifs, principalement les Arabes israéliens (environ 21% de la population) qui participent à la vie politique.25
La tension fondamentale réside dans la conciliation de ces deux pôles : comment un État peut-il être pleinement démocratique, garantissant l'égalité de tous ses citoyens, tout en accordant un statut privilégié à un groupe ethno-religieux spécifique, le peuple juif?.2 Cette question est au cœur des critiques et des débats internes et externes sur la nature d'Israël.2 Certains juristes et politiciens affirment la compatibilité des deux notions 23, arguant que le caractère juif ne remet pas en cause les principes démocratiques fondamentaux. D'autres, cependant, y voient une contradiction insurmontable conduisant inévitablement à une discrimination structurelle envers les citoyens non-juifs 2 et définissent Israël comme une "démocratie ethnique" 22, un régime démocratique pour le groupe dominant mais pas nécessairement pour les minorités.
2.2 Piliers Institutionnels : L'Autorité du Grand Rabbinat et les Tribunaux Religieux
Le Grand Rabbinat d'Israël est l'autorité rabbinique suprême pour les Juifs en Israël, reconnue et financée par l'État.3 Il est dirigé par deux Grands Rabbins, un Ashkénaze et un Séfarade, élus pour dix ans par un collège électoral mixte composé de rabbins et de représentants publics (élus locaux et nationaux).27 Cette structure bicéphale reflète la diversité historique des communautés juives.
La principale prérogative légale du Grand Rabbinat réside dans son monopole sur les questions de statut personnel pour la population juive : mariage, divorce et conversions officielles au judaïsme.3 Conséquence directe : il n'existe pas de mariage civil en Israël pour les Juifs. Ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se marier selon les rites orthodoxes (couples interreligieux, couples dont l'un des membres n'est pas reconnu comme juif par le Rabbinat, couples homosexuels, ou simplement couples laïcs) doivent se marier à l'étranger pour que leur union soit reconnue par l'état civil israélien.3 De même, seules les conversions réalisées sous l'égide du Rabbinat orthodoxe sont officiellement reconnues en Israël, excluant de fait les courants Réformé et Conservateur (Massorti), majoritaires dans la diaspora juive.31
Cette institution est l'objet de nombreuses critiques. Son monopole orthodoxe est contesté par les courants non orthodoxes et par une partie de la population laïque.31 Elle est perçue comme excessivement conservatrice, voire "rétrograde" sur certaines questions 3, et son imbrication avec la politique politicienne est dénoncée.3 Des affaires de corruption ou des prises de position controversées par certains Grands Rabbins ont également terni son image.27 Initialement conçu par des figures comme le Rabbin Kook comme une boussole morale 27, le Rabbinat est souvent décrit aujourd'hui comme une bureaucratie étatique 38, dont l'influence Haredi (ultra-orthodoxe) serait croissante.39
Parallèlement, Israël dispose d'un système de tribunaux rabbiniques d'État, financés par les fonds publics, qui fonctionnent aux côtés des tribunaux civils et ont compétence sur les affaires de statut personnel relevant du Grand Rabbinat.3 Les autres communautés religieuses reconnues (musulmane, druze, chrétienne) disposent également de leurs propres tribunaux religieux pour les affaires de statut personnel, bénéficiant d'une autonomie interne garantie par l'État.29
2.3 Manifestations Politiques : Le Pouvoir des Partis Religieux à la Knesset
L'influence religieuse en Israël ne se limite pas aux institutions rabbiniques ; elle s'exerce de manière très significative à travers le système politique parlementaire. Le mode de scrutin proportionnel intégral, couplé à un seuil électoral relativement bas (actuellement 3.25%), permet à de nombreux partis, y compris ceux représentant des segments spécifiques de la population religieuse, d'obtenir des sièges à la Knesset.40
Deux principaux blocs de partis religieux jouent un rôle majeur :
- Les partis Haredim (ultra-orthodoxes) : Principalement Shas, qui représente les Haredim séfarades 26, et Yahadout HaTorah (Judaïsme Unifié de la Torah - UTJ), une alliance de factions Haredi ashkénazes (Agoudat Yisrael, représentant les Hassidim, et Degel HaTorah, représentant les Lituaniens non-hassidiques).26 Leur agenda politique est principalement centré sur la défense des intérêts de leurs communautés : obtention de financements publics pour les yeshivot (écoles talmudiques) et autres institutions communautaires, maintien de l'exemption du service militaire pour les étudiants de yeshiva à plein temps, préservation du monopole du Grand Rabbinat sur les questions de statut personnel et de cacherout, et application des lois relatives au respect du Shabbat et de la cacherout dans l'espace public.3 Leur position sur le conflit israélo-palestinien et la solution à deux États est généralement ambiguë ou secondaire par rapport à leurs préoccupations domestiques et religieuses.26
- Le Sionisme Religieux (ou National-Religieux) : Historiquement incarné par le Parti National Religieux (Mafdal) puis Le Foyer Juif (Habayit Hayehudi) 42, ce courant est aujourd'hui dominé par le parti Sionisme Religieux, une coalition de droite radicale et d'extrême droite regroupant des factions comme Tkuma (Union Nationale), Otzma Yehudit (Force Juive - Kahaniste) et Noam.4 Cette mouvance combine une orthodoxie religieuse avec un nationalisme intense, un soutien fervent à la colonisation des territoires occupés (Cisjordanie/Judée-Samarie), souvent justifiée par des interprétations messianiques de la Bible, et une opposition farouche à la création d'un État palestinien.4 Ils défendent les intérêts des colons et des Juifs orthodoxes nationalistes.42
La fragmentation politique israélienne fait que la formation d'une coalition gouvernementale stable (nécessitant une majorité de 61 sièges sur 120 à la Knesset) dépend très souvent du soutien de ces partis religieux.3 Ils se retrouvent ainsi fréquemment en position de "faiseurs de rois" ("kingmakers"), capables de négocier des postes ministériels, des budgets importants pour leurs secteurs et des concessions législatives ou réglementaires en échange de leur participation au gouvernement.3 Cette capacité de levier politique leur confère une influence souvent disproportionnée par rapport à leur poids électoral réel.3 Historiquement, même des gouvernements dirigés par le Parti Travailliste (centre-gauche) ont dû s'allier avec des partis religieux.3
Au cours des dernières décennies, une tendance à la hausse de l'influence politique des partis religieux a été observée, corrélée en partie à la croissance démographique rapide des secteurs Haredi et religieux-sioniste.4 Les élections de novembre 2022 ont abouti à la formation d'un gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahou où les partis religieux (Sionisme Religieux, Shas, UTJ) détenaient, pour la première fois, une majorité des sièges (33 sur 64) au sein de la coalition gouvernementale, faisant de cette 25ème Knesset la plus religieuse de l'histoire d'Israël.41
Cette configuration politique illustre de manière frappante comment le pouvoir religieux en Israël, contrairement à l'Iran, ne découle pas d'une suprématie constitutionnelle cléricale, mais de la capacité des partis représentant divers segments religieux à réussir électoralement dans un cadre démocratique et à exploiter ensuite les mécanismes de la politique de coalition pour faire avancer leurs agendas spécifiques.3 C'est une voie démocratique vers l'influence religieuse, structurellement distincte du modèle théocratique iranien. Par ailleurs, la définition même du caractère "juif" de l'État est un champ de bataille politique et religieux interne. Les controverses autour de l'autorité du Rabbinat 27, des critères de la Loi du Retour 3, ou de l'impact de la Loi sur l'État-nation 26 révèlent des conflits profonds entre orthodoxes et non-orthodoxes, religieux et laïcs, sur la manière dont l'identité juive doit se traduire dans les lois et les institutions de l'État.3 Cette lutte interne pour la définition de la judéité étatique est une caractéristique majeure de la dynamique israélienne.
Section 3 : Critiques de l'Influence Religieuse dans la Politique et la Société Israéliennes
L'imbrication de la religion et de l'État en Israël, ainsi que le poids politique croissant des partis religieux, suscitent de nombreuses critiques émanant de divers secteurs de la société israélienne et d'observateurs extérieurs. Ces critiques portent sur les déficits démocratiques, les fractures sociales, l'impact sur les droits individuels et des minorités, et les conséquences politiques de l'agenda religieux-nationaliste.
3.1 Déficits Démocratiques et Fractures Sociétales (Laïcs vs. Religieux)
Une critique récurrente concerne la perception d'une "coercition religieuse".3 De nombreux Israéliens laïcs estiment que l'État, sous la pression des partis religieux coalisés, impose des normes et des pratiques religieuses orthodoxes dans la sphère publique (restrictions sur les transports et le commerce le Shabbat, lois sur la cacherout) et dans la vie privée (monopole rabbinique sur le mariage et le divorce).3 Cette situation est vécue comme une atteinte à la liberté individuelle et au libre choix, résultant davantage de marchandages politiques que d'un consensus sociétal.3
Le "statu quo" historique, accord conclu au moment de la création de l'État pour gérer les relations entre laïcs et religieux sur des questions comme le Shabbat, la cacherout, l'éducation et le statut personnel, est aujourd'hui largement remis en question.3 Conçu comme un compromis visant à préserver l'unité, il est de plus en plus perçu comme un arrangement dépassé, source de frictions constantes, et surtout comme un prétexte masquant des concessions continues et croissantes aux exigences des partis religieux au fil des négociations de coalition.3
Ces tensions alimentent une fracture de plus en plus profonde entre la majorité laïque ou traditionaliste et les communautés religieuses, en particulier le secteur Haredi.3 Des questions comme les exemptions massives du service militaire pour les étudiants des yeshivot 3, considérées comme une inégalité flagrante face à une obligation civique majeure, ou le financement public substantiel des institutions éducatives Haredi qui ne suivent pas toujours le cursus national 28, creusent le fossé et génèrent du ressentiment. Certains analystes décrivent une tendance à la formation d'une "double société", avec une communauté ultra-orthodoxe de plus en plus isolée, parfois qualifiée de "nouveau ghetto", et une société laïque qui s'en éloigne.3
Plus récemment, la montée en puissance des partis religieux, notamment de l'extrême droite religieuse-sioniste, a fait naître des craintes pour les normes démocratiques fondamentales d'Israël.4 La tentative de réforme judiciaire promue par le gouvernement Netanyahou en 2023, visant notamment à affaiblir la Cour Suprême et à permettre au Parlement d'annuler ses décisions 4, a été largement perçue comme une attaque contre l'indépendance de la justice et un pas vers un "illibéralisme constitutionnel" 32, motivée en partie par le désir des partis religieux de contourner les décisions judiciaires contraires à leur agenda.28 Cette crise a mobilisé massivement l'opposition laïque et libérale.32
3.2 Impact sur les Droits Individuels et le Statut des Minorités
Les lois sur le statut personnel, sous contrôle rabbinique, ont des conséquences directes sur les droits individuels. L'absence de mariage civil et le monopole orthodoxe sur les conversions limitent la liberté de mariage et créent des situations complexes pour des centaines de milliers de citoyens israéliens (immigrants non reconnus comme juifs par la Halakha, couples mixtes, Juifs non-orthodoxes, personnes LGBT).3
La définition d'Israël comme "État juif" pose intrinsèquement la question du statut et de l'égalité des citoyens non-juifs, principalement la minorité arabe palestinienne.2 Bien que citoyens avec droit de vote, ils font face à des discriminations systémiques dans divers domaines (allocation de ressources, planification territoriale, emploi) 22 et se sentent souvent considérés comme des citoyens de seconde zone.2 La Loi sur l'État-nation de 2018 a été critiquée pour avoir renforcé cette marginalisation en omettant de mentionner l'égalité et en privilégiant le caractère juif de l'État.26 La notion de "démocratie ethnique" est souvent utilisée pour décrire cette réalité où les droits démocratiques coexistent avec une hiérarchie ethno-nationale.22
Des préoccupations existent également quant à l'impact de l'influence religieuse croissante sur les droits des femmes, avec des tentatives observées de promouvoir la ségrégation des sexes dans certains espaces publics ou académiques pour accommoder les sensibilités ultra-orthodoxes 31, et une vision généralement conservatrice du rôle des femmes portée par le Rabbinat et les partis Haredim.27 De même, les droits des personnes LGBT sont potentiellement menacés par l'agenda social conservateur des partis religieux présents au gouvernement.41
3.3 Sionisme Religieux, Colonisation et Agendas Politiques
Le courant sioniste religieux entretient un lien idéologique puissant avec le projet de colonisation des territoires palestiniens occupés depuis 1967 (Cisjordanie, appelée Judée-Samarie dans la terminologie biblique et nationaliste).4 Pour une part importante de ce mouvement, la conquête et le peuplement de ces terres sont perçus comme l'accomplissement d'une promesse divine et une étape vers la rédemption messianique.4 Cette vision conduit à une opposition farouche à tout compromis territorial et à la création d'un État palestinien.28
Les partis représentant ce courant utilisent leur poids politique au sein des coalitions gouvernementales pour faire avancer activement l'agenda de la colonisation : obtention de budgets pour les colonies, légalisation rétroactive de colonies "sauvages" (avant-postes), développement des infrastructures en Cisjordanie, et affaiblissement de l'Autorité Palestinienne.4 Des décisions comme la légalisation de neuf avant-postes en février 2023 ou l'annulation de l'interdiction pour les Israéliens de se rendre dans certaines zones évacuées du nord de la Cisjordanie illustrent cette influence directe sur la politique gouvernementale.4
Des analystes comme l'historien Vincent Lemire soutiennent que cette influence croissante a entraîné un déplacement de l'agenda national israélien.4 Le consensus sécuritaire traditionnel, qui primait auparavant, serait désormais supplanté par un "agenda messianique" focalisé sur la conquête et le contrôle de l'ensemble de la "Terre d'Israël" biblique, au détriment de considérations politiques pragmatiques ou de la recherche d'une solution négociée au conflit.4 Cette dynamique est également liée à l'idée d'un "règne des rabbins" 31, où des figures rabbiniques extrémistes, souvent issues du mouvement des colons, jouent un rôle idéologique majeur, justifiant l'occupation et parfois légitimant la violence contre les Palestiniens.31
Ces critiques mettent en évidence une dynamique de "religionisation par le haut" ou "par l'intérieur" en Israël.21 Les succès électoraux des partis religieux se traduisent directement par des politiques et des changements législatifs qui renforcent le contrôle ou le privilège religieux dans la sphère publique et juridique.3 Cette tendance, impulsée par des acteurs politiques agissant au sein de l'État, s'oppose aux normes laïques et aux droits individuels, provoquant des résistances sociétales 3 mais contrastant avec la situation en Iran où la pression semble plutôt venir d'une société aspirant à la sécularisation face à un État déjà théocratique.17 De plus, l'agenda du sionisme religieux, centré sur le conflit territorial et justifié religieusement 4, ne fait pas qu'exacerber le conflit externe avec les Palestiniens ; il alimente aussi profondément les divisions internes en Israël (entre laïcs et religieux, gauche et droite) 44 et met à l'épreuve les institutions démocratiques comme la justice, perçue comme un obstacle à la réalisation de cet agenda.4
Section 4 : Le Lexique de la Critique : Termes Appliqués au Système Religio-Politique Israélien
Pour saisir la nature des critiques adressées à l'influence religieuse en Israël, il est essentiel d'analyser les termes spécifiques utilisés par les analystes, commentateurs et opposants. Ce lexique révèle les angles d'attaque privilégiés et permet d'évaluer si une terminologie critique unifiée et comparable à "République des mollahs" existe pour Israël.
4.1 Analyse des Termes
- "État halakhique" (État régi par la Halakha) : Ce terme désigne un État dont les lois et le fonctionnement seraient entièrement basés sur la loi religieuse juive (Halakha). Il est utilisé de manière ambivalente : parfois comme un objectif affiché par certaines figures de la droite religieuse radicale, tel Bezalel Smotrich 41, et le plus souvent comme un repoussoir par les laïcs et les libéraux qui craignent une dérive vers une législation religieuse étendue.41 Les analystes notent qu'Israël intègre déjà des éléments de loi halakhique (notamment en matière de statut personnel), le qualifiant parfois d'"État halakhique partiel", mais soulignent qu'il est loin d'être un "État halakhique total".41 Le terme pointe donc davantage vers une tendance ou une crainte future qu'une description de la réalité actuelle globale.
- "Théocratie" : Signifiant littéralement "gouvernement par Dieu" ou par une classe sacerdotale, ce terme est parfois appliqué à Israël par des critiques 45, souvent pour souligner le pouvoir du Rabbinat ou l'usage d'arguments religieux pour justifier des politiques (notamment la colonisation). Cependant, son usage est fortement contesté et généralement rejeté par les analystes et défenseurs d'Israël.23 Ils mettent en avant le cadre démocratique, la majorité laïque de la population, l'existence d'un pouvoir judiciaire indépendant (bien que contesté) et les différences structurelles fondamentales avec des régimes comme l'Iran.46 Si Israël n'est pas un État laïc, il n'est pas non plus considéré comme une théocratie au sens strict par la plupart des observateurs académiques.23
- "Démocratie ethnique" : Ce concept, issu de la science politique, est utilisé de manière plus analytique que polémique pour décrire des régimes qui combinent des institutions démocratiques (élections, libertés civiles pour le groupe majoritaire) avec une préférence institutionnalisée pour un groupe ethnique ou national dominant.22 Des chercheurs comme Alain Dieckhoff 22 ou Sami Smooha 49 l'ont appliqué à Israël pour rendre compte de la tension inhérente entre son caractère "juif" (privilégiant la nation juive) et "démocratique" (supposant l'égalité de tous les citoyens). Il vise à décrire une structure spécifique plutôt qu'à simplement dénoncer.
- "Règne des rabbins" : Cette expression 31 met l'accent sur le pouvoir jugé excessif exercé par les autorités rabbiniques orthodoxes sur la société et la politique. Elle critique spécifiquement l'emprise du Rabbinat sur le statut personnel, son influence sur la vie publique, et le rôle idéologique de certains rabbins extrémistes, notamment ceux liés au mouvement des colons, dans la définition des objectifs nationaux et la justification du conflit.31 Ce terme cible le pouvoir de l'establishment religieux, plus que la structure étatique globale.
- Autres Expressions Critiques : D'autres termes et concepts sont mobilisés dans la critique : la "coercition religieuse" 3 pour dénoncer l'imposition de normes orthodoxes ; la "pression religieuse" 41 exercée par les partis au pouvoir ; le "fondamentalisme" 21 ou l'"ultranationalisme" 26 pour qualifier l'idéologie de certains groupes religieux-sionistes ; des accusations plus radicales d'"apartheid" 34 pour décrire le traitement des Palestiniens (tant en Israël que dans les territoires occupés) ; et la critique directe de la formule "État juif et démocratique" comme étant intrinsèquement contradictoire et source d'inégalité.2 S'ajoute à cela la dénonciation fréquente de l'amalgame fait entre critique de la politique israélienne et antisémitisme, perçu comme une tentative de délégitimer toute critique.51
4.2 Contexte, Sources et Intention d'Usage
Ces termes critiques émanent d'une variété d'acteurs : opposants politiques internes (laïcs, partis de gauche, minorité arabe), analystes académiques (politologues, sociologues), journalistes, défenseurs des droits humains, et critiques externes.3 L'intention derrière leur usage varie : elle peut être analytique (comme pour "démocratie ethnique"), visant à proposer un cadre conceptuel pour comprendre une réalité complexe ; politique, visant à critiquer des politiques spécifiques (colonisation, réforme judiciaire, lois sur le statut personnel), à dénoncer des injustices ou à alerter sur des dérives perçues ("théocratie", "règne des rabbins", "État halakhique" utilisés de manière critique) ; ou parfois polémique, cherchant à délégitimer l'État israélien lui-même (certains usages d'"apartheid" ou de "théocratie" peuvent relever de cette catégorie, comme le note l'analyse des "mythes" anti-Israël 54). Le contexte est crucial : ces termes sont le plus souvent employés dans le cadre de débats sur des lois spécifiques, sur l'avenir de la démocratie israélienne, sur les relations entre Juifs et Arabes, ou sur le conflit israélo-palestinien.3
4.3 Évaluation de l'Équivalence avec "République des mollahs"
L'analyse de ce lexique critique appliqué à Israël permet d'évaluer s'il existe un équivalent direct à "République des mollahs". Plusieurs différences fondamentales apparaissent :
- Différence Structurelle : Comme souligné précédemment, "République des mollahs" cible une structure étatique formellement théocratique, fondée sur le Velayat-e Faqih où le clergé détient constitutionnellement le pouvoir suprême.11 Les termes critiques pour Israël, même les plus forts comme "théocratie" ou "État halakhique", visent plutôt l'influence (jugée excessive) de la religion et des acteurs religieux au sein d'un cadre qui reste formellement démocratique, ou pointent les contradictions inhérentes au modèle "juif et démocratique".3 La critique porte sur le fonctionnement et les orientations du système, non sur sa nature constitutionnelle fondamentale de la même manière qu'en Iran.
- Degré de Contrôle : Bien que l'influence religieuse en Israël soit indéniable et croissante 40, affectant des pans importants de la législation et de la vie publique, elle n'atteint pas le niveau de contrôle total et institutionnalisé exercé par le clergé iranien sur l'ensemble de l'appareil d'État, y compris la justice, l'armée et la politique étrangère.11 En Israël, des contre-pouvoirs démocratiques, bien qu'affaiblis ou contestés (comme la Cour Suprême 32), continuent d'exister et de fonctionner, ce qui n'est pas le cas face à l'autorité ultime du Guide Suprême en Iran.11
- Absence d'un Terme Unique et Reconnu : Alors que "République des mollahs" est un raccourci critique largement compris et utilisé pour désigner le régime iranien, il n'existe pas, d'après les sources analysées, un terme unique et aussi largement reconnu qui remplirait la même fonction pour Israël. Le lexique est plus fragmenté ("État halakhique", "théocratie", "démocratie ethnique", "règne des rabbins"), chaque terme éclairant une facette différente de la problématique complexe de l'imbrication entre religion, ethnicité et démocratie. Cette fragmentation terminologique reflète peut-être la complexité et la nature plus contestée et moins monolithique du système israélien comparé à la théocratie iranienne plus formellement définie.
En conclusion de cette section, si les critiques envers l'influence religieuse en Israël sont vives et s'expriment à travers un lexique spécifique, aucun des termes identifiés ne constitue un équivalent direct et précis de "République des mollahs". La différence fondamentale de structure étatique (théocratie constitutionnelle vs. démocratie avec forte influence religieuse) rend une telle équivalence difficilement soutenable sur le plan analytique, même si certains termes comme "règne des rabbins" peuvent en approcher la connotation critique de domination cléricale dans des sphères spécifiques de la vie.
Section 5 : Perspective Comparative : Religion et Gouvernance - Iran vs. Israël
Une comparaison directe des rôles formels et informels de la religion dans la gouvernance de l'Iran et d'Israël permet de mieux saisir les convergences et les divergences fondamentales entre les deux systèmes, et de contextualiser la question initiale d'une équivalence terminologique.
5.1 Rôles Constitutionnels et Juridiques Formels
- Iran : La Constitution établit sans ambiguïté la primauté de l'Islam chiite et du principe du Velayat-e Faqih.11 La loi islamique (Charia), telle qu'interprétée par le clergé au pouvoir, est la source ultime de la législation. Les lois civiles existent mais sont subordonnées aux principes islamiques et soumises au contrôle de conformité du Conseil des Gardiens.11 Le système est explicitement théocratique, la légitimité religieuse l'emportant sur la légitimité démocratique.11
- Israël : Le cadre légal repose sur les Lois Fondamentales définissant l'État comme "juif et démocratique".3 Il n'y a pas de constitution formelle unique. La loi civile, votée par la Knesset, est la norme principale. Cependant, la loi religieuse (Halakha pour les Juifs, Charia pour les Musulmans, etc.) est appliquée par des tribunaux religieux reconnus par l'État dans des domaines spécifiques, principalement le statut personnel (mariage, divorce).3 Les valeurs juives peuvent influencer la législation, mais cet impact passe par le processus politique démocratique et le jeu des coalitions.3 Des études comparatives soulignent que les deux pays intègrent, de manière différente, des lois séculières et spirituelles, avec des conséquences notables sur les droits humains.55 Dans les deux cas, on observe des résultats politiques favorisant la religion dominante respective.19
5.2 Nature et Localisation de l'Autorité Religieuse
- Iran : L'autorité religieuse est centralisée, hiérarchisée et institutionnalisée au sommet de l'État. Elle est incarnée par le Guide Suprême, qui détient le pouvoir ultime, et par des organes cléricaux clés comme le Conseil des Gardiens et l'Assemblée des Experts, qui exercent un contrôle direct sur les processus politiques et législatifs.11 Le pouvoir découle directement de cette hiérarchie religieuse constitutionnellement établie.
- Israël : L'autorité religieuse formelle est principalement localisée au sein du Grand Rabbinat, mais son pouvoir légal est limité à des domaines spécifiques (statut personnel) et il ne détient pas l'autorité suprême sur l'État.27 L'influence politique majeure de la religion provient des partis religieux élus démocratiquement.26 Ces partis représentent différents courants (Haredi, Sioniste Religieux) et négocient leur influence au sein du système parlementaire et des coalitions gouvernementales. Le pouvoir religieux est donc plus diffus, fragmenté entre différentes institutions et acteurs politiques, et son exercice dépend des dynamiques électorales et des négociations politiques.
5.3 Impact sur la Loi, la Société et les Droits Humains
- Iran : Les préceptes religieux façonnent lourdement la législation, les normes sociales (codes vestimentaires stricts, ségrégation des sexes, restrictions sur la musique ou l'art) 7, le système éducatif et la politique étrangère (rhétorique anti-occidentale et anti-israélienne).11 Le régime est largement critiqué pour ses atteintes aux droits humains, notamment la répression de l'opposition politique, les restrictions sévères imposées aux femmes, la discrimination envers les minorités religieuses et ethniques (Kurdes, Bahaïs, etc.), et l'absence de liberté religieuse et d'expression.5 La complexité et l'opacité des multiples centres de pouvoir (formels et informels) peuvent également conduire à des décisions arbitraires et à un dysfonctionnement de l'appareil d'État.17
- Israël : L'influence religieuse se manifeste dans les lois sur le statut personnel (affectant le mariage, le divorce, la conversion), les régulations concernant l'espace public (Shabbat, cacherout), l'allocation de fonds publics (financement des institutions religieuses, exemptions militaires) et l'orientation de certaines politiques clés comme la colonisation des territoires occupés.3 Les critiques portent sur la discrimination envers les citoyens non-juifs et les Juifs non-orthodoxes, l'empiètement sur le mode de vie laïc ("coercition religieuse"), les tensions sociales croissantes entre laïcs et religieux, et l'instrumentalisation du nationalisme religieux pour justifier l'occupation et entraver le processus de paix.2 L'intégration des lois séculières et religieuses dans les deux systèmes a des répercussions directes sur les droits humains, bien que de nature et d'ampleur différentes.55
Malgré leurs structures étatiques radicalement différentes – une théocratie constitutionnelle d'un côté, une démocratie parlementaire avec une forte composante ethno-religieuse de l'autre – l'Iran et Israël montrent tous deux comment l'intégration formelle de la loi ou de l'autorité religieuse dans l'appareil d'État, même de manière initialement limitée comme en Israël avec le "statu quo", peut créer des voies pour une influence religieuse significative et souvent croissante sur la politique et la vie sociale.19 La différence majeure réside dans le mécanisme (suprématie constitutionnelle cléricale en Iran vs. négociation politique démocratique en Israël) et la portée de cette influence. En Iran, la Constitution elle-même 11 fournit le mécanisme et la portée étendue. En Israël, le "statu quo" et les Lois Fondamentales ont fourni le point d'entrée initial (contrôle rabbinique sur le statut personnel 3), tandis que le système démocratique proportionnel offre la voie à l'expansion de cette influence via le succès électoral et le pouvoir de négociation des partis religieux.40
Un autre parallèle intéressant concerne l'intégration d'éléments religieux ou idéologiques dans les discours et justifications de politique étrangère. L'Iran post-révolutionnaire a construit une partie de sa légitimité et de sa politique régionale sur une hostilité idéologique envers les États-Unis ("Grand Satan") et Israël ("Entité sioniste"), se posant en défenseur des opprimés musulmans.11 Israël, de son côté, justifie souvent ses politiques, notamment concernant Jérusalem et la Cisjordanie, par des liens historiques et religieux millénaires avec la terre 28, tandis que le sionisme religieux fournit une justification théologique à l'expansion territoriale.4 Les deux États perçoivent également leur principal rival régional (Israël pour l'Iran, Iran pour Israël) comme une menace existentielle, souvent décrite en termes quasi-idéologiques.14 Cela suggère que dans les deux contextes, la religion n'est pas seulement un facteur de politique intérieure mais sert également de cadre ou d'outil dans la définition des intérêts nationaux et la conduite des relations internationales.
Tableau 2 : Résumé Comparatif : Rôle de la Religion dans la Gouvernance (Iran vs. Israël)
Caractéristique |
Iran |
Israël |
Base Constitutionnelle |
Islam (Chiisme), Velayat-e Faqih 11 |
Lois Fondamentales ("État juif et démocratique") 3 |
Chef de l'État |
Guide Suprême (Clerc) 11 |
Président (largement cérémoniel) ; Premier Ministre (Chef de l'Exécutif, laïc ou religieux) 25 |
Législature |
Madjles (Parlement élu), mais lois soumises au Conseil des Gardiens 11 |
Knesset (Parlement élu), pouvoir législatif principal 25 |
Judiciaire |
Système judiciaire basé sur la loi islamique, supervisé par le Guide Suprême 11 |
Système judiciaire civil indépendant (Cour Suprême) + Tribunaux religieux (compétence limitée au statut personnel) 3 |
Autorité Religieuse |
Centralisée : Guide Suprême, Conseil des Gardiens, Assemblée des Experts 11 |
Diffuse : Grand Rabbinat (statut personnel), Partis religieux élus à la Knesset 27 |
Loi sur le Statut Personnel |
Loi islamique (Charia) 11 |
Loi religieuse (Halakha pour les Juifs, Charia pour les Musulmans, etc.) appliquée par les tribunaux religieux 3 |
Validation des Candidats |
Oui, par le Conseil des Gardiens (critères religieux et politiques) 11 |
Non (sauf interdiction de partis niant le caractère juif/démocratique ou incitant au racisme) |
Source Principale du Pouvoir Religieux |
Structure constitutionnelle théocratique 11 |
Succès électoral et négociation politique au sein d'un système démocratique 3 |
Conclusion
L'analyse comparative des systèmes politiques iranien et israélien révèle des différences structurelles fondamentales quant au rôle et à la place de la religion dans la gouvernance, rendant difficile l'établissement d'une équivalence terminologique critique directe telle que suggérée par la question initiale.
L'expression "République des mollahs", bien que péjorative, décrit une réalité institutionnelle en Iran où le pouvoir suprême est constitutionnellement dévolu à une élite cléricale chiite en vertu du principe du Velayat-e Faqih. La religion n'est pas seulement une source d'influence ; elle est le fondement même de la légitimité et de la structure de l'État. Le pouvoir religieux s'exerce de manière descendante ("top-down"), à travers des institutions cléricales qui dominent les organes élus.
En Israël, la situation est nettement différente. Le pays se définit comme un "État juif et démocratique", un paradigme intrinsèquement tendu. La religion juive influence l'État à travers des canaux spécifiques : le Grand Rabbinat détient une autorité légale sur le statut personnel des Juifs, et des symboles et lois reflètent le caractère juif de l'État. Cependant, l'influence politique majeure de la religion provient de partis religieux qui opèrent au sein du système démocratique parlementaire. Leur pouvoir découle de leur succès électoral et de leur capacité à monnayer leur soutien lors de la formation de coalitions gouvernementales. L'influence religieuse s'exerce donc davantage de manière ascendante ("bottom-up") via le jeu politique, et elle est fragmentée entre différents acteurs et institutions, sans qu'une autorité cléricale unique ne détienne le pouvoir suprême sur l'État.
En conséquence, si des critiques virulentes existent concernant l'influence religieuse en Israël, et qu'un lexique spécifique est employé pour les exprimer ("État halakhique", "théocratie" - souvent contesté, "démocratie ethnique", "règne des rabbins"), aucun de ces termes ne capture simultanément la dimension structurelle et la connotation critique de "République des mollahs". Ces termes visent soit des aspects spécifiques du système israélien (statut personnel, politique de colonisation), soit ses contradictions internes (tension juif/démocratique), soit des craintes quant à son évolution future, mais pas une structure théocratique formellement établie comme en Iran.
Les trajectoires des deux pays semblent même opposées : l'Iran fait face à des pressions internes pour la sécularisation et le changement face à un régime théocratique établi 17, tandis qu'Israël connaît une dynamique de "religionisation" croissante de sa politique, impulsée par des partis religieux agissant au sein de l'appareil d'État démocratique, suscitant une forte résistance dans les segments laïcs de la société.3
En définitive, l'Iran et Israël représentent deux cas uniques et complexes de l'interaction entre religion, identité nationale et gouvernance politique au Moyen-Orient. Si la religion joue un rôle crucial dans les deux, les mécanismes institutionnels, la nature de l'autorité religieuse et les dynamiques socio-politiques diffèrent trop substantiellement pour qu'une expression critique conçue pour la théocratie iranienne puisse trouver un équivalent direct et analytiquement pertinent pour la démocratie ethno-religieuse israélienne. La compréhension de chaque système exige une analyse spécifique de ses propres complexités et contradictions.
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