Externalisation déchets nucléaires vers Russie

Souveraineté Nucléaire et Paradoxe Russe : Analyse Critique de la Filière de l'Uranium de Retraitement et de l'Externalisation des Stocks Radioactifs (Décembre 2025)

1. Introduction : L'Illusion de l'Autonomie Stratégique à l'Hiver 2025

En ce mois de décembre 2025, alors que le conflit en Ukraine s'enlise dans sa quatrième année et que l'Union Européenne tente de parachever son découplage énergétique vis-à-vis de la Fédération de Russie, l'industrie nucléaire française se trouve confrontée à une dissonance cognitive majeure. Pilier affiché de la souveraineté nationale et de l'indépendance énergétique, la filière électronucléaire française maintient, dans une discrétion savamment orchestrée, une dépendance critique envers les infrastructures d'État russes pour assurer le fonctionnement de son "cycle fermé".

Cette dépendance ne concerne pas l'uranium naturel, largement diversifié, mais un segment technologique spécifique et indispensable à la stratégie de recyclage prônée par la France : le traitement de l'Uranium de Retraitement (URT). L'actualité récente, marquée par la reprise visible des expéditions maritimes au départ de Dunkirk en novembre 2025 , a brutalement remis en lumière l'existence de la "filière sibérienne". Ce circuit logistique et industriel, reliant les piscines de La Hague aux centrifugeuses de Seversk en Sibérie, constitue le point névralgique d'une controverse qui dépasse la simple relation commerciale.

Au cœur de ce système réside une problématique environnementale et éthique fondamentale : l'externalisation de la gestion des déchets radioactifs. Sous couvert de contrats de "services d'enrichissement", la mécanique des flux matières révèle qu'une immense majorité de l'uranium expédié en Russie ne revient jamais en France. L'analyse des ratios de rendement, stabilisés autour de 12 à 15 % de retour pour 85 à 90 % de matière laissée sur place , suggère que la Russie agit moins comme un partenaire industriel de recyclage que comme un exutoire pour des matières dont l'industrie française ne sait ou ne veut pas gérer les passifs sur son propre sol.

Ce rapport se propose de déconstruire, avec une rigueur technique et une analyse géopolitique actualisée à la fin de l'année 2025, les mécanismes de cette dépendance. Il explorera la réalité physique des flux alimentant la centrale de Cruas-Meysse, l'ambiguïté juridique de la notion de "matière valorisable", et les efforts tardifs de diversification industrielle engagés avec Urenco et Westinghouse pour tenter de colmater, à l'horizon 2030, la brèche ouverte dans la souveraineté française.

2. La Physique du Cycle : Pourquoi l'URT est-il un Défi Industriel?

Pour comprendre pourquoi la France, nation nucléaire de premier plan, se retrouve contrainte d'envoyer ses matières stratégiques en Sibérie, il est impératif de détailler la nature physico-chimique de l'Uranium de Retraitement (URT). Ce matériau n'est pas un simple substitut à l'uranium naturel ; il est une matière complexe, polluée isotopiquement, dont la gestion requiert des installations dédiées que l'Europe occidentale a, par choix économique passé, renoncé à entretenir.

2.1 La Signature Isotopique et le "Poison" Neutronique

L'uranium extrait du combustible usé après son passage en réacteur (environ 95-96 % de la masse du combustible irradié ) diffère fondamentalement de l'uranium minier. Bien qu'il contienne encore de l'uranium-235 fissile (environ 0,9 %, soit plus que l'état naturel à 0,7 %), il est contaminé par des isotopes créés par l'irradiation neutronique au cœur du réacteur.

Le premier obstacle est l'Uranium-236 (^{236}U). Cet isotope artificiel, formé par la capture d'un neutron par un atome d'uranium-235 qui ne fissionne pas, agit comme un "poison neutronique". En termes de physique des réacteurs, cela signifie qu'il absorbe les neutrons nécessaires à la réaction en chaîne sans produire d'énergie. Pour compenser cet effet "étouffant", le combustible fabriqué à partir d'URT (l'URE) doit être "sur-enrichi". Là où un combustible standard nécessite un enrichissement en ^{235}U de 3 à 4 %, un combustible URE doit souvent atteindre des taux supérieurs (jusqu'à 4,5 % ou plus) pour offrir une performance énergétique équivalente. Cette contrainte impose des campagnes d'enrichissement spécifiques et plus onéreuses.

2.2 Le Défi Radiologique de l'Uranium-232

Le second obstacle, et sans doute le plus déterminant pour la logistique industrielle, est la présence de traces d'Uranium-232 (^{232}U ). Bien que présent en quantités infimes (quelques parties par milliard), cet isotope possède une chaîne de désintégration radioactive particulièrement agressive.

L'un de ses descendants directs est le Thallium-208 (^{208}Tl), un émetteur de rayonnement gamma à très haute énergie (2,6 MeV). Ce rayonnement est suffisamment puissant pour traverser les parois standard des conteneurs et des usines conçues pour l'uranium naturel.

C'est ici que se noue le drame industriel français : Orano (ex-Areva) disposait par le passé de telles capacités à Pierrelatte (usine TU5 et W), mais les a fermées ou réorientées, laissant un vide capacitaire que seule la Russie a comblé en maintenant et modernisant ses installations de Seversk pour traiter ces matières difficiles.

3. L'Externalisation des Déchets : Analyse du Bilan Matière Franco-Russe

La controverse centrale qui anime le débat public en cette fin d'année 2025 ne porte pas tant sur l'acte de recycler que sur l'arithmétique des flux matières. Le terme "recyclage" suggère une circularité vertueuse. Or, les données disponibles dessinent une réalité linéaire où la Russie fonctionne comme un terminal de stockage pour les sous-produits indésirables du cycle français.

3.1 Les Ratios de Rendement : La Règle du 1/8ème

L'enrichissement de l'uranium est un processus de séparation. Pour obtenir une petite quantité de matière enrichie (le produit), il faut traiter une grande quantité de matière première (l'alimentation), générant inévitablement une masse importante de résidus appauvris (les queues ou "tails").

Dans le cas de l'URT, la présence de l'isotope poison ^{236}U aggrave ce ratio. Pour obtenir la qualité requise pour les réacteurs d'EDF, il faut concentrer davantage l'isotope fissile ^{235}U tout en rejetant massivement les isotopes pairs indésirables (^{236}U, ^{238}U).

Les analyses concordantes des contrats et des flux techniques révèlent les ratios suivants pour la filière sibérienne :

Concrètement, pour chaque tonne d'uranium envoyée en Russie, environ 850 à 900 kg de matière radioactive restent sur le territoire de la Fédération de Russie. Ces résidus sont constitués d'uranium appauvri de retraitement.

3.2 La Nature des "Queues" Laissées en Russie

La question cruciale est le statut de ces 85-90 % restants. Sont-ils une ressource ou un déchet?

Dès lors, l'hypothèse la plus probable, corroborée par l'observation satellitaire des stockages à ciel ouvert à Seversk , est que ces matières sont entreposées indéfiniment. Le contrat de "services" s'apparente ainsi, pour sa partie majoritaire, à un transfert définitif de passif radioactif. Si ces 85 % devaient revenir en France, ils devraient être classés comme déchets ou matières à entreposer, nécessitant des capacités de stockage coûteuses (probablement géologiques à terme vu la radiotoxicité accrue) et alourdissant le bilan comptable des provisions pour déchets d'EDF. L'externalisation vers la Russie représente donc une "optimisation" économique et logistique majeure pour l'opérateur français.

4. Cruas-Meysse : Le Réacteur de la Dépendance

L'aboutissement opérationnel de cette chaîne logistique mondiale se situe en Ardèche, sur le site de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse. Ce site est l'unique client final de l'URE produit en Russie, ce qui en fait le pivot de toute la stratégie de recyclage.

4.1 Consommation et Flux Annuels

La centrale de Cruas dispose de quatre réacteurs de 900 MWe. Historiquement certifiés pour l'URE, ils ont été au cœur de la relance de la filière actée par le contrat de 2018 avec Tenex.

Ces chiffres, bien que des estimations basées sur les standards industriels et les déclarations parcellaires, donnent la mesure de l'enjeu. Chaque année de fonctionnement de Cruas au "plein régime URE" implique le transfert définitif de plus de 500 tonnes de matières radioactives appauvries vers la Sibérie.

4.2 Le Redémarrage de 2024 : Une Preuve de Concept

Le 5 février 2024 a marqué un jalon critique : le réacteur n°2 de Cruas a redémarré avec, pour la première fois depuis une décennie, un cœur complet chargé en URE issu de la nouvelle filière russe. Ce succès technique valide la chaîne logistique mais verrouille également la dépendance. Pour maintenir ce cycle, EDF doit assurer un flux constant d'aller-retours avec la Russie.

4.3 L'Extension vers le Palier 1300 MWe et Cattenom

L'ambition d'EDF ne se limite plus à Cruas. Face à l'accumulation des stocks d'URT à La Hague (qui croissent d'environ 1 000 tonnes par an ), l'opérateur prévoit d'étendre l'utilisation de l'URE aux réacteurs de 1300 MWe, notamment ceux de la centrale de Cattenom.

5. Le Contexte de Décembre 2025 : Tensions et Réalités Industrielles

La fin de l'année 2025 est marquée par une cristallisation des tensions autour de ce commerce nucléaire. Contrairement aux hydrocarbures, le secteur nucléaire a échappé aux sanctions directes de l'UE, protégé par le veto de fait de pays dépendants (Hongrie, mais aussi implicitement la France pour ses besoins de cycle).

5.1 La Reprise des Flux à Dunkirk (Novembre 2025)

Le calme relatif qui entourait ces échanges a été rompu mi-novembre 2025. L'ONG Greenpeace a documenté et dénoncé la présence du navire Mikhail Dudin au port de Dunkirk, chargeant des conteneurs d'uranium de retraitement à destination de Saint-Pétersbourg.

5.2 L'Impasse de la Conversion : Pourquoi la Russie est Incontournable

Pourquoi la France, qui dispose d'Orano, géant mondial du cycle, ne traite-t-elle pas cet uranium elle-même? La réponse réside dans un "trou" capacitaire spécifique : la conversion.

6. Les Tentatives de Diversification : Trop Peu, Trop Tard?

Face au risque réputationnel et stratégique intenable, la filière française a accéléré en 2025 ses projets de "re-souverainisation" du cycle URT. Cependant, l'inertie du temps nucléaire se heurte à l'urgence géopolitique.

6.1 L'Accord Urenco de Novembre 2025 : Une Solution Partielle

Lors du World Nuclear Exhibition (WNE) à Paris en novembre 2025, EDF et le consortium anglo-germano-néerlandais Urenco ont signé un contrat majeur, chiffré à plusieurs milliards d'euros, pour des services d'enrichissement.

6.2 Le Projet Orano-Westinghouse : L'Horizon 2030

Pour combler le vide de la conversion, Orano envisage la construction d'une nouvelle unité dédiée en France (probablement sur le site du Tricastin) ou une coopération avec Westinghouse pour réhabiliter des capacités sur le site de Springfields au Royaume-Uni.

7. Conclusion : Le Poids du Réel

L'analyse de la situation en décembre 2025 dresse le constat d'une souveraineté nucléaire française partielle et conditionnelle. La "filière sibérienne" n'est pas une simple anomalie commerciale ; elle est le résultat structurel d'une stratégie qui a privilégié l'optimisation économique à court terme (l'externalisation vers la Russie moins chère) sur la résilience industrielle à long terme (le maintien de capacités de conversion domestiques).

Le bilan est sans appel :

En définitive, le "cycle fermé" français présente une brèche ouverte à l'Est. Tant que la France n'aura pas reconstruit sa propre capacité de conversion de l'uranium de retraitement, sa politique de recyclage restera tributaire du bon vouloir de Moscou, et ses "matières valorisables" continueront de s'accumuler dans les entreposages sibériens, loin des regards, mais au cœur de la vulnérabilité stratégique européenne.

Annexe : Données Synthétiques

Tableau 1 : Bilan de Masse Annuel Estimé de la Filière URT/URE (Pour l'alimentation de Cruas)

Étape

Localisation

Matière

Masse Estimée

Statut

Exportation

France \rightarrow Russie

URT (Oxyde)

~600 tonnes

Matière valorisable (selon France)

Traitement

Seversk (Rosatom)

Conversion + Enrichissement

-

Processus industriel

Importation

Russie \rightarrow France

URE (UF_6 enrichi)

~74 tonnes

Combustible (Retour 12-15%)

Résidu

Russie

Queues appauvries (URT)

~526 tonnes

Laissé en Russie (85-90%)

Tableau 2 : Capacités Industrielles Comparées (Décembre 2025)

Capacité Industrielle

Orano (France)

Urenco (UE/UK/USA)

Rosatom (Russie)

Situation Française

Conversion Uranium Naturel

OUI (P. Coste)

NON

OUI

Autonome

Conversion Uranium Retraitement

NON (Projet >2030)

NON

OUI (Monopole)

Dépendance Totale

Enrichissement URT

OUI (Limité, GBII)

OUI (Limité)

OUI (Massif)

Possiblement autonome

Fabrication Combustible URE

OUI (Romans)

NON

OUI

Autonome

Sources des citations

1. En pleine invasion globale russe de l'Ukraine, la France reprend les exportations d'uranium de retraitement vers la Russie - Espace Presse Greenpeace France, https://www.greenpeace.fr/espace-presse/en-pleine-invasion-globale-russe-de-lukraine-la-france-reprend-les-exportations-duranium-de-retraitement-vers-la-russie/ 2. Uranium de retraitement (URT) et Russie - Orano, https://www.orano.group/fr/decodage/uranium-de-retraitement-urt-et-russie 3. Detailed Study on U232 and U236 in Uranium Recycling,<br>Kazuki Hida, Sadao Kusuno and Ritsuo Yoshioka., https://oecd-nea.org/upload/docs/application/pdf/2020-07/neacrp-a-1984-0669.pdf 4. Management of Reprocessed Uranium - Scientific, technical publications in the nuclear field | IAEA, https://www-pub.iaea.org/MTCD/Publications/PDF/te_1529_web.pdf 5. Affaire COMP/M.3099 – Areva/Urenco/ETC JV. RÈGLEMENT (CE) n° 139/2004 PROCÉDURE DE CONTRÔLE DES OPÉRATIONS DE CONCENTRATI, https://ec.europa.eu/competition/mergers/cases/decisions/m3099_20041006_600_fr.pdf 6. French uranium being sent to Russia, Greenpeace says - The Japan Times, https://www.japantimes.co.jp/news/2025/11/17/world/politics/greenpeace-france-uranium-russia/ 7. Gestion des matières fissiles et fertiles recyclables - Nuclear Energy Agency, https://www.oecd-nea.org/upload/docs/application/pdf/2019-12/6108-gestion-fissiles.pdf 8. Déchets nucléaires français - Greenpeace, https://www.greenpeace.org/static/planet4-luxembourg-stateless/2021/10/cb26fbf1-dechets_nucleaires_francais-_-aller_simple_pour_la_siberie-_-dossier_greenpeace_france_12102021.pdf 9. French nuclear waste: a one-way ticket to Siberia - Greenpeace France, https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2021/10/French-nuclear-waste-_-a-one-way-ticket-to-Siberia-_-Briefing-Greenpeace-France-Embargo-12-10-2021.pdf 10. Exposed: French nuclear companies dumping radioactive waste in Siberia - Greenpeace, https://www.greenpeace.org/eu-unit/issues/climate-energy/45879/french-nuclear-companies-exposed-dumping-radioactive-waste-siberia/ 11. Compte-rendu intégral Mardi 4 novembre 2025 Webinaire, https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2025-11/PNGMDR-20251104-Webinaire-Verbatim.pdf 12. Compte rendu de la 60e réunion plénière du Haut comité ... - HCTISN, https://www.hctisn.fr/IMG/pdf/projet_cr_reunion_pleniere_du_08_mars_2022_vf.pdf 13. Nuclear future: Cattenom plant eyes 60-year lifespan and next-gen reactors - RTL Today, https://today.rtl.lu/news/world/cattenom-plant-eyes-60-year-lifespan-and-next-gen-reactors-2323896 14. Les cahiers de l'ASN n°5 - French Nuclear Safety Authority, https://french-nuclear-safety.fr/publications/2024/Les-cahiers-de-l-ASN-05/10/ 15. French regulator says 1300 MW units can operate beyond 40 years, https://www.world-nuclear-news.org/articles/french-regulator-says-1300-mw-units-can-operate-beyond-40-years 16. Uranium de Retraitiement Enrichi - Concertation sur le 4e réexamen périodique des réacteurs de 1300 MWe, https://concertation.suretenucleaire.fr/project/posez-nous-votre-question-et-consultez-nos-reponses/collect/questions-reponses/proposals/uranium-de-retraitiement-enrichi 17. Will EU replace reliance on Russian gas with reliance on Russian uranium? - Brussels Signal, https://brusselssignal.eu/2025/11/will-eu-replace-reliance-on-russian-gas-reliance-with-reliance-on-russian-uranium/ 18. SÉANCE DU 5 OCTOBRE 2022 DECISION N°2022 / 114 / GB II / 2 PROJET GEORGES BESSE II D'AUGMENTATION DES CAPACITES DE L'USINE - CNDP, https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2023-06/orano_reponses-et-enseignements-maitre-d-ouvrage_annexes.pdf 19. COMMISSION NATIONALE D'ÉVALUATION N - CNE2, https://www.cne2.fr/wp-content/uploads/2024/11/Rapport-18-version-finale_web.pdf 20. Urenco and EDF sign fuel deal at World Nuclear Exhibition, https://www.urenco.com/news/global/2025/urenco-and-edf-sign-fuel-deal-at-world-nuclear-exhibition 21. World Nuclear Exhibition 2025 Roundup: Urenco Announces Multi-Billion-Euro Uranium Enrichment Deal For Nuclear Plants In France And UK - NucNet, https://www.nucnet.org/news/world-nuclear-exhibition-2025-roundup-italian-companies-sign-smr-agreement-with-france-s-nuward-11-4-2025 22. Conversion and Deconversion - World Nuclear Association, https://world-nuclear.org/information-library/nuclear-fuel-cycle/conversion-enrichment-and-fabrication/conversion-and-deconversion 23. Westinghouse Receives UK Government Grant to Explore Uranium Conversion Services, https://info.westinghousenuclear.com/news/westinghouse-beis-award 24. France considers a plant to convert reprocessed uranium - The Brussels Times, https://www.brusselstimes.com/world-all-news/986020/france-considers-a-plant-to-convert-reprocessed-uranium

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